L'Histoire de Rapala : les 109 ans de Lauri Rapala
Un début Humble
Lauri
Rapala est né en 1905 dans le centre de la Finlande. Cette région plate
très boisée regorge de centaines de lacs, non loin de la en Laplande à
la limite du cercle arctique les grands troupeaux de rennes parcourent
le territoire. Les lacs sont ici très froids et les poissons comme les
brochets, truites, perches et corégones ont une croissance lente.
A
l’âge de sept ans, Lauri et sa mère Mari se sont installés dans la
paroisse de Asikkala à soixante kilomètres de Helsinki. En s’incrivant
dans le registre Sysma de la paroisse le prêtre oublia le nom Saarinen
de Mari et y inscrit à la place le nom de leur village d’origine «
Rapala ». En finlandais Rapala signifie « boue ».
Mari travailla
comme bonne et réparatrice de filets dans la maison de Santeri Tommola
dans le village Asikkala de Sarkijarvi. Comme pour la plupart des
enfants finlandais de cette époque, Lauri fût mis au travail dès que
possible. Il n’y avait pas d’école à Sarkijarvi et pas d’autre soutien
financier, la vie était donc faite de dur labeur manuel.
Au début
des années 20, Lauri rencontra Elma Leppanen qui travaillait aussi
comme bonne pour la maison Tommola. Le couple se maria en 1928 en
emménagea chez les parents de Elma dans le village voisin de Riihilahti,
ils y restèrent jusqu’en 1933.
Les premières années de mariage
furent difficiles en raison de la crise économique européenne. La survie
fut d’autant plus rude quand la grande dépression américaine frappa à
son tour l’europe.
Dans ces années de pénurie Lauri travailla
comme bûcheron l’hiver et comme pêcheur professionnel ou ouvrier
agricole l’été. A la pêche Lauri posait des filets pour le corégone et
des lignes de fond pour le brochet et la perche, les captures étant
vendues au marché local. Lauri pêchait aussi la truite à la traîne avec
un appât, trois truites pour plus de 4kg rapportait au marché
l’équivalent de 2 semaines de travail à l’usine.
Le travail de
pêcheur était rude et solitaire, cela éprouvait constamment Lauri, mais
comme il le dit plus tard à ses enfants au moins il était “libre”.
"
Notre père était un homme humble et bon” disait Risto le deuxième fils
de Lauri. “Il aimait passer du temps au bord de l’eau. Mes meilleurs
souvenirs sont ceux à la pêche, il faisait froid, le temps d’une pause
nous retournions sur la berge afin d’allumer un feu pour se réchauffer
et de manger les sandwichs préparés par ma mère. »
Lauri utilisait
une ligne de traîne équipée d’un milliers d’hameçons, celle-ci était
destinée aux perches et brochets. La ligne était traînée derrière une
barque à rames appelée Soutuvene. Il fallait ramer 50km par jour, tous
les jours, sauf lors des tempêtes. Les hameçons étaient eschés de
vairons que Lauri capturait dans un lac de la forêt avoisinante.
D’après
Risto, Lauri pêchait la truite avec une canne à pêche artisanale. Lors
d’une touche, il jetait la canne par-dessus bord et la suivait à la rame
jusqu'à ce que la truite se fatigue. C’est pour vous dire la valeur
d’une truite.
Tout ce temps passé au bord de l’eau a permis à
Lauri de réfléchir, d’observer la nature et le comportement des
poissons. Il ramait doucement en regardant les bancs de vairons dans les
eaux claires, jusqu'à ce qu’en un battement de cœur boum, un vairon
disparaissait dans la gueule d’un carnassier vorace. Après de nombreuses
années Lauri constata que quelque chose distinguait le vairon se
faisant attaquer parmi un banc entier. Cette observation d’une nage
ondulée légèrement décentrée d’un poisson blessé ou malade allait
changer la vie de Lauri.
« Notre père comprenait vraiment la
pêche », dit Risto. Il reconnaissait les relations entre la topographie
des fonds et la localisation des poissons. Il apprit comment les
poissons se nourrissaient et comment ils se déplaçaient d’une zone à une
autre. Lauri comprenait aussi les effets de la météo sur la pêche.
Il
pensait qu’un leurre pourrait l’aider à capturer plus de poissons et
gagner plus d’argent. Un leurre bien fait éviterait aussi de constamment
escher les lignes avec des vairons. Les vairons meurent, un leurre ne
meurt pas. Alors Lauri tailla, coupa et forma du bois jusqu'à ce
qu’éventuellement un leurre commence à prendre forme.
Lauri
travailla dur, mais son désir initial de simuler un poisson malade
échoua. Avec son ami Akseli Soramaki et un ermite local Pylvalainen
habitant sur une île au milieu du Lac Paijanne, Lauri observa que son
leurre n’avait pas la nage désirée d’un poisson blessé. Il continua
d’expérimenter avec divers montages d’hameçons et de bavettes en tôle de
gouttière. Finalement, en 1936 avec un couteau de cordonnier, une lime
et du papier de verre il forma dans du bouchon son premier leurre
adéquat. L’extérieur du leurre était recouvert de papier aluminium de
barre chocolatée et de fromage emprunté chez le voisin. Le vernis
n’étant pas disponible Lauri fondu du film négatif photographique afin
de protéger la surface du leurre. Ce premier leurre existe encore de nos
jours, il est noir de dos, doré sur les flancs et blanc dessous, tout
comme les vairons du Lac Paijanne.
Une fois terminé le leurre fût
traîné avec une ligne attachée au bout de son pouce afin d’éviter la
perte du leurre. Il imitait si bien un vairon que les truites et
brochets ne tardèrent pas à se jeter dessus. En histoire de pêche les
deux jeune fils Risto et Ensio racontèrent que leur père Lauri alla
jusqu'à capturer 300kg de poisson par jour avec le nouveau leurre.
Lauri Part en Guerre
La
guerre éclate en Europe en 1939, la famille grandissante de Lauri se
retrouva à court de tout. Heureusement, sa petite invention fonctionnait
à merveille et lui permettait de ramener du poisson à la maison. Avec
ses connaissances de la nature, il échangeât dans la confection des
leurres le liège pour de l’écorce de pin. Il trouva l’écorce sur les
sites d’élagage en grattant les souches. Certains propriétaires étaient
surpris de voir quelqu’un arriver en demandant d’acheter l’écorce de pin
sans vouloir le bois. Les pins les plus tordus se virent démunis de
leur écorce enlevée centimètre par centimètre à la main.
Lorsque
l’Union Soviétique envahit la Finlande, Lauri parti défendre sa nation.
Quand les Nazis se sont mis en guerre contre les soviétiques, il a fallu
changer le fusil d’épaule et de nouveau partir en guerre mais cette
fois contre les envahisseurs de l’armée allemande.
Pendant les
années de guerre le bruit a couru que les leurres de Lauri lui
permettait ainsi que ses amis de faire beaucoup de poissons. D’après la
légende contée par ses petits enfants, il eu un « boum » de promotion
quand il prit à parti l’armée Finlandaise de prendre plus de poissons
avec ses leurres qu'eux avec leur bâton de dynamite. Lauri captura 78
poissons dépassant de loin ses amis de l’armée avec leur pêche à la
dynamite. Après six années passée à l’armée, Lauri pu enfin rejoindre sa
famille.
Une Affaire Familiale
La
demande pour les leurres de Lauri augmenta après la guerre. Les
vacanciers d’été du Lac de Paijanne étaient fans de ses leurres, ce qui
surprit Lauri car il ne pensait pas que quelqu’un puisse vouloir acheter
son leurre. Les nouvelles par bouche à oreille du succès de pêche de
Lauri et son leurre ont tôt fait de se colporter à travers la région.
En
1948, les quatre fils de Lauri; Risto, Ensio, Esko et Kauko devenaient
des hommes émergents. Lauri leur a appris l’art de fabriquer le leurre
Rapala et ils n’ont pas perdu de temps dans l’apprentissage. En
particulier Ensio, qui lui réussit à gagner un concours national
d’artisanat avec un leurre travaillé de ses propres mains.
Elma
mobilisa toute son énergie aussi, elle conçut la boîte du leurre ainsi
que le matériel promotionnel allant avec. Parce qu’elle savait lire,
écrire et compter, elle gérait aussi les comptes en s’assurant que sa
famille soit payée pour son dur labeur.
“La manufacture des leurres
fut bonne pour notre famille », dit Risto. « En plus de nous donner du
travail, cela a grandement contribué à souder notre famille, tout en
nous apprenant des leçons dans la vie, surtout la valeur de l’honnêteté
et du travail. »
Cette petite affaire de famille a aussi eu un impacte sur le village.
“Je
crois qu’au début, personne ne croyait trop en Lauri”, dit Ensio. «
Après tout qui pouvait anticiper ce que deviendrait cette petite affaire
de famille ? » Cela n’était pas une entreprise respectable comme un
bûcheron. Certains ont même dit qu’il était fainéant. Mon père n’a pas
écouté les critiques et ne s’est pas fâché, il a fait ce qu’il avait à
faire.
“Plus tard”, ajoute Ensio, “lorsque nous avons commencés à
travailler avec Normark, il obtint du respect parce qu’il apportait du
travail et de l’argent au village. »
L’apparition des machines outils
a amélioré la qualité des leurres et l’efficacité de production. Le
premier signe de mécanisation fut l’apparition d’une vieille machine à
tourner équipée d’une bande de papier de verre. Cette machine nous
aidait à dégrossir et polir les leurres. Ensio développa une scie
circulaire et une scie à bande afin de créer des bases de leurres
identiques.
“Nous avions chacun notre partie préférée dans la
confection des leurres”, dit Risto. « Ensio aimait peindre les yeux,
j’aimait coller le celluloid sur la surface et notre père aimait les
former. Nous avions tous une grande fierté à accomplir notre travail .»
“Notre
manière de se répartir le travail était très naturelle » ajoute Ensio »
« Nous étions complémentaires dans nos compétences. Plus tard, quand il
a fallu gérer l’affaire nous avons continués dans cette même logique.
J’aimais m’occuper de la compta et de la prise de commande alors que
Risto aimait gérer la production. Alors que la mécanisation faisait son
entrée dans la manufacture des leurres, Lauri maintint une règle
par-dessus tout – la précision.
« La clef de notre succès est la
précision », dit Risto ; « Nous nous assurons que tout leurre reste
fidèle à son modèle. Nous vérifions l’exactitude des mesures, parce que
tout écart, même minime peut affecter la nage du leurre ».
Afin
de s’assurer que tout les leurres sortant de production soient
parfaits, Lauri insista sur un test systématique de chaque leurre dans
un aquarium. Cela afin de vérifier que chaque exemplaire sans exception
dispose de cette nage unique en poisson « blessé ». Lauri vérifia à la
sortie chaque exemplaire avec son tampon d’approbation. En hiver les
leurres étaient testés dans un bâtiment appartenant à une société de
flottaison de billes de bois. En été Lauri et ses fils testaient les
leurres le long des berges du Lac Paijanne dans les rapides de
Kalkkinen.
Pour un certain nombre d’années les leurres étaient
communément appelés “Wobblers” et étaient vendus dans des boîtes faites
des mains d’Elma. Avec l’accroissement des ventes, il fallu recourir à
des boîtes plus formelles et imprimées par un professionnel du métier.
Ironiquement,
l’homme de clergé ayant donné le nom à Lauri Rapala était le patron de
la maison d’impression des boîtes et suggéra à Lauri que le nom le plus
approprié pour la boîte à leurre serait Rapala ; à ce moment là la
famille manufacturait environ 1000 leurres par an.
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